18 Juil 2025 Interview | Marie-Anne Le Bars, Cheffe de Service à la Résidence Erdre & Cens
Depuis le 2 juin 2025, Marie-Anne Le Bars a pris son poste en tant que Cheffe de Service à la Résidence Erdre et Cens (REC). Établissement qui accompagne des personnes adultes en situation de handicap (déficience intellectuelle). Elle nous parle de sa prise de poste, des projets en cours et des défis à relever pour les années à venir.
Pouvez-vous nous présenter la Résidence Erdre et Cens ?
Ouverte depuis les années 1990 la Résidence Erdre et Cens se situe aujourd’hui à Nantes. Actuellement, la REC accompagne 17 personnes, réparties entre un Foyer de Vie (FV) pour 7 d’entre elles, et un Foyer d’Accueil et d’Hébergement (FAH) pour les 10 autres. La résidence Erdre et Cens est le logement des personnes accompagnées. Une équipe de 7 professionnels est mobilisée au quotidien pour les accompagner. Ensemble, nous œuvrons à favoriser leur autonomie, leur pouvoir d’agir, et les accompagnons dans la construction et la réalisation de leurs projets de vie. Dans la co-construction de leur projet personnalisé ainsi que dans notre accompagnement, nous veillons à favoriser l’expression de leurs attentes car l’auto-détermination est un fondement de notre travail.
Notre travail est basé sur un accompagnement des personnes dans leur quotidien avec différents objectifs comme le développement de l’autonomie, le maintien des compétences et des acquis, favoriser l’expression des aspirations, favoriser la socialisation également dans le droit commun. L’accompagnement comprend également un suivi autour de leur santé, de leur bien -être. Un travail conséquent et fondamental est mené avec les familles ou les personnes exerçant une mesure de protection pour majeurs vulnérables.
Depuis quand avez-vous pris vos fonctions en tant que cheffe de service au sein de la Résidence Erdre et Cens ?
Arrivée récemment, le 2 juin 2025, mes priorités s’articulent autour de deux axes principaux :
– la préparation de l’évaluation prévue pour la fin de l’année. Ce travail permet une dynamique continue et partagée de l’amélioration de l’accompagnement proposé. Nous devons répondre à 147 critères dont 18 critères impératifs.
– la co-construction du nouveau projet d’établissement. Il constituera un document stratégique fixant nos orientations et nos objectifs pour les 5 années à venir Ce travail se réalise en étroite collaboration avec l’équipe éducative, afin de garantir la conformité aux attendus réglementaires et aux enjeux du secteur médico-social. Ce travail en équipe permet de fédérer des professionnels autour d’objectifs professionnels, avec éthique.
Quels sont les grands projets ou axes de développement à venir ? Comment envisagez-vous l’évolution de la REC dans les années à venir ?
Le dispositif ne fonctionne pas selon un rythme d’année scolaire, contrairement à mon poste en IME. Les projections s’inscrivent davantage dans la continuité de l’accompagnement. L’objectif est de répondre aux besoins des personnes actuellement accompagnées à la REC, ainsi qu’à ceux des futurs accueillis, en développant une plateforme de services plus diversifiée qu’aujourd’hui.
Objectif : permettre à chacun de gagner en autonomie, tout en maintenant un lien solide avec l’établissement.
L’idée est de construire un service de FAH diffus, permettant un accompagnement modulable selon le niveau d’autonomie des personnes. Il s’agirait de proposer des logements de proximité de l’établissement pour favoriser le développement de l’autonomie, avec pour objectif que certaines personnes puissent, à terme, vivre de manière autonome en ayant accès à l’accompagnement si besoin.
L’objectif est de développer une véritable plateforme de services, articulée autour de plusieurs niveaux d’hébergement et d’accompagnement : un hébergement dans les murs avec la présence de professionnels 24h/24, un hébergement de proximité avec un relais éducatif également en continu, et, pour les personnes plus autonomes, un accompagnement ponctuel à distance. Cette évolution implique d’accompagner l’équipe actuelle dans cette transformation, et, si nécessaire, d’en adapter la composition pour répondre au mieux aux besoins des personnes accompagnées et aux exigences du nouveau dispositif.
Ce modèle reste à construire, mais il pourrait concerner des usagers ayant besoin, par exemple, de partager certains repas plusieurs fois par semaine, ou simplement de conserver un lien éducatif régulier. À la différence du SAVS, qui accompagne des personnes vivant en logement autonome avec une présence éducative plus espacée, le FAH diffus permettrait d’ajuster l’accompagnement au plus près des besoins évolutifs des personnes.
Une partie des résidents actuels est confrontée aux effets du vieillissement, entraînant une perte progressive de compétences et de capacités cognitives (notamment le langage, les repères spatio-temporels, etc.). Afin de prévenir les situations de rupture ou de chute, des activités éducatives adaptées sont mises en place et devront être étoffées pour maintenir les acquis et préserver l’autonomie. Nous devrons construire de nouveaux partenariats pour répondre au mieux aux besoins des personnes accompagnées à la REC. Je souhaite développer cet axe afin de permettre aux personnes accompagnées de participer à des activités dans le droit commun, dans une logique d’inclusion. L’idée est de favoriser leur accès à des propositions du territoire, comme les activités proposées par le centre social (par exemple le yoga), et de renforcer les liens avec des personnes extérieures à l’établissement. L’enjeu est de promouvoir des actions inclusives, pour encourager la participation sociale et l’autonomie.
Parallèlement, l’idée est d’ouvrir le foyer de vie à de nouveaux résidents, en priorité des jeunes adultes sortants d’IME dans le cadre de l’amendement CRETON, afin de répondre aux besoins spécifiques de ce public en transition vers l’âge adulte.
Le mot de la fin
Je suis heureuse d’être arrivée au sein de cet établissement, où le travail s’annonce enrichissant aux côtés de professionnels de l’équipe. Il existe déjà des bases solides et pertinentes sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour construire ensemble et faire évoluer le projet vers les orientations que nous nous fixons collectivement.
C’est un beau projet ambitieux, stimulant, et surtout un véritable challenge. Au cœur de notre engagement, nous voulons défendre l’autodétermination. Pour la HAS (Haute-Autorité de Santé) : il s’agit d’un droit revendiqué par les personnes concernées elles-mêmes afin d’être reconnues et respectées en tant que personne à part entière en passant par la notion de capacité à agir, à gérer sa vie, à faire des choix et à prendre des décisions librement.
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